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Histoire de la Suisse

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1. Origines de la Suisse

1. La Suisse celtique

Les plus anciennes traces d’installations humaines remontent au paléolithique. Il est attesté que des tribus celtes sont établies sur le territoire au début de l’âge du fer (durant la période de Hallstatt). La civilisation celte prend son essor à partir de 500 av. J.-C. environ, durant la période de La Tène — du nom d’un site suisse éponyme, situé sur les rives du lac de Neufchâtel, où a été mis au jour un important gisement celte au milieu du xixe siècle.

2. La Suisse romaine

Au ier siècle av. J.-C., plusieurs tribus celtiques se partagent le territoire de la « Gaule orientale » (Helvètes sur le Plateau suisse, Rhètes dans les Grisons, Allobroges autour de l’actuelle ville de Genève, etc.). Dès le début de sa guerre des Gaules, le général romain Jules César défait les Helvètes lors de la bataille de Bibracte (58 av. J.-C.). La région (l’Helvétie) puis le reste de la Suisse actuelle sont romanisés au cours du ier siècle de notre ère, et intégrées à l’empire au sein de provinces romaines.

Les peuples romanisés subissent les premières invasions des « Barbares » au iiie siècle, victimes en particulier de raids d’Alamans. Lorsque l’Empire romain, fragilisé par les Grandes Invasions, doit se défaire de sa frontière rhénane au début du ve siècle, des peuples germaniques sont autorisés à s’installer dans les régions périphériques de l’empire. Ainsi, la Suisse actuelle se voit-elle terre d’accueil de Burgondes dans le bassin du lac Léman (lesquels adoptent la langue latine et la culture gallo-romaine, à l’origine de la Suisse romande francophone) et d’Alamans dans le centre et l’est du pays (aujourd’hui la Suisse alémanique germanophone) — le Tessin, dans le sud, demeurant pour sa part dans le giron romain (l’actuelle Suisse italienne).

3. La Suisse féodale

Lors de la chute de l’Empire romain, en 476, les territoires des Burgondes et des Alamans deviennent, au fil de leurs conquêtes, de véritables royaumes. C’est à cette période que le roi burgonde Sigismond se convertit au christianisme et fonde l’abbaye d’Agaune (en 515, aujourd’hui Saint-Maurice, dans le Valais). Toutefois, au terme de la guerre de Burgondie entre Sigismond et les héritiers du roi franc Clovis (523-534), le royaume burgonde est inféodé au royaume franc. Durant la période franque, des missionnaires venus d’Irlande (tels Colomban, Gall et Pirmin) évangélisent la population, comme en témoigne la fondation des abbayes bénédictines de Saint-Gall (en 720), de Reichenau (en 724) et de Pfäfers (en 731). En 746, à la suite du massacre de ses principaux dignitaires lors de l’audience de Cannstatt, l’Alémanie est à son tour inféodée au royaume franc. La Suisse actuelle est ainsi naturellement intégrée dans l’Empire carolingien que crée Charlemagne en 800.

Cependant, lors du partage de Verdun de 843, le territoire est scindé entre la Lotharingie de Lothaire (auquel reviennent les régions occidentales de la Suisse, bientôt intégrées à la Bourgogne transjurane) et la Francia orientalis de Louis le Germanique (les régions orientales, sous domination du duché d’Alémanie). En 1032, la Bourgogne transjurane est acquise par Conrad II, souverain du Saint Empire romain germanique et, à ce titre, déjà suzerain du duché d’Alémanie. Des principautés laïques et ecclésiastiques apparaissent alors sur le sol suisse, dont la maison de Savoie et celle de Zähringen ; la seconde est à l’origine de la fondation de nombreuses villes de Suisse, comme Fribourg, Morat, Thoune et Berne.

2. La mise en place de la Confédération (xiiie-xviiie siècles)

1. Les premières fédérations de cantons

1. Le serment du Rütli et la Confédération des III cantons

Serment du Rütli
Statue de Guillaume Tell (Altdorf, Suisse)

Serment du Rütli
Cette gravure anonyme non datée représente, selon la légende de Guillaume Tell, l’union des Waldstätten (communautés forestières et pastorales) des premiers cantons suisses d’Uri, Schwyz et Unterwald. Leurs émissaires prêtent serment en 1291 sur les rives du lac de Lucerne, s’engageant à délivrer le pays du joug des Habsbourg.
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Corbis

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Statue de Guillaume Tell (Altdorf, Suisse)
Ornant la place d’Altdorf (canton d’Uri, Suisse), la statue du héros national suisse Guillaume Tell est une œuvre de Richard Kissling, achevée en 1895.
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Hauck Peter/age fotostock

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La Confédération helvétique naît de la conjonction de deux facteurs :

• d’une part, l’ouverture au cours du xiiie siècle d’un passage vers l’Italie désenclavant le territoire suisse au sud (avec la construction d’une passerelle sur le col du Saint-Gothard) ;
• d’autre part, l’habitude que prennent les trois cantons d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald (des communautés forestières et pastorales, situées sur les rives du lac des Quatre-Cantons) de gérer leurs affaires au sein de Landsgemeinden (assemblées réunissant les habitants des vallées, pour lesquels les votes s’effectuent à main levée).

Encadrés
ENCADRÉ
Rossini, Guillaume Tell (argument)
Argument de Guillaume Tell, opéra en quatre actes de Gioacchino Rossini, sur un livret de Étienne de Jouy et Hyppolyte Louis Florent Bis, créé le 3 août 1829, à l’Opéra de Paris.
ouvrir l’encadré

Dans les années 1230-1240, les Waldstätten (nom donné à ces trois cantons primitifs de la Confédération) ont obtenu de l’empereur Frédéric II (un Hohenstaufen) le droit de se gouverner eux-mêmes, relevant ainsi directement de l’autorité impériale. Mais l’élection de Rodolphe Ier de Habsbourg à la tête du Saint Empire (en 1273) bouleverse cet équilibre, le nouvel empereur décidant de déléguer l’administration de ces régions à des intermédiaires, les baillis. La mort de Rodolphe Ier (en juillet 1291) précipite la réaction défensive des trois cantons ; craignant une intervention armée, ceux-ci s’associent en scellant un pacte d’alliance perpétuelle en août 1291 : le serment du Rütli (cérémonie à laquelle, selon la tradition, aurait participé le légendaire héros suisse Guillaume Tell). Conglomérat d’individualités à l’origine, cette première confédération suisse adopte, dès le xive siècle, une politique systématique de soutien aux adversaires des Habsbourg — le serment du Rütli a été reconnu, au xixe siècle, comme l’acte fondateur de la nation suisse, et le 1er août (premier jour du mois de l’alliance) est depuis le jour de la fête nationale suisse.

En novembre 1315, les troupes confédérées des Waldstätten écrasent l’armée des Habsbourg lors de la bataille de Morgarten, en utilisant pour la première fois une arme redoutable, la hallebarde. Cette victoire renforce l’alliance, et un nouveau traité est signé le 9 décembre 1315, le pacte de Brunnen. Parce que le canton de Schwyz a eu une part active dans la lutte contre les Habsbourg, l’habitude est désormais prise d’appeler « Suisse » l’ensemble de la Confédération.

2. La Confédération des VIII cantons

Bataille de Sempach

Bataille de Sempach
Le 9 juillet 1386 devant Sempach, les Suisses confédérés — simplement armés de hallebardes et de javelots — défont les troupes de Léopold III de Habsbourg. Selon la légende, c’est le sacrifice d’Arnold de Winkelried qui permet cette importante victoire.

Miniature de Diebold Schilling, début du xvie siècle. Bibliothèque centrale, Zürich.
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Les cantons voisins des Waldstätten se joignent à cette « Ligue éternelle », formant ainsi la Confédération des VIII cantons à partir de 1353 : Lucerne (1332), Zurich (1351), Glaris (1352), Zoug (1352) et Berne (1353). En 1393, les huit cantons ratifient le « convenant de Sempach », première loi militaire de la Confédération réglementant le pillage et interdisant à ses membres de s’engager seuls dans une guerre. Malgré de nouvelles attaques impériales (bataille de Sempach en juillet 1386 ; bataille de Näfels en avril 1388), l’alliance entre les huit cantons perdure.

Les Suisses cherchent dès lors à agrandir leur territoire. Ils nouent des alliances avec nombre de leurs voisins — tels le comté de Gruyère, les ligues grisonnes et les dizains valaisans — et se lancent en parallèle dans des campagnes de conquêtes : occupation de la Léventine (dans le Tessin) pour le contrôle de la route du Saint-Gothard, prise de l’Argovie (1415), prise de la Thurgovie (1460).

De surcroît, les Suisses appliquent le service militaire obligatoire pour tous les hommes de seize à soixante ans, ce qui leur permet de lever de redoutables armées qu’ils monnayent à l’étranger comme troupes de mercenaires. Dès le xive siècle, le roi Louis XI de France sait tirer parti des contingents suisses dans sa lutte contre le duché de Bourgogne : ainsi, Charles le Téméraire est-il battu à trois reprises par les confédérés, à Grandson (mars 1476), à Morat (juin 1476), puis sous les murs de Nancy où il trouve la mort en janvier 1477.

3. La Confédération des XIII cantons

En 1481, les cantons de Fribourg et de Soleure rejoignent la Confédération, suivis en 1501 par ceux de Bâle et de Schaffhouse, et en 1513 par l’Appenzell. La confédération des XIII cantons prend une part active aux guerres d’Italie, vendant ses troupes aux différents belligérants. À la solde de la France en 1512, les mercenaires suisses s’emparent de districts et de villes italiennes du Tessin. En revanche, en septembre 1515 lors de la bataille de Marignan, les troupes suisses à la solde du duc de Milan affrontent les armées franco-vénitiennes ; leur défaite face aux forces de François Ier marque la fin de l’intervention de la Confédération sur la scène internationale, et amène cette dernière à opter pour une politique de non-belligérance. Le 9 novembre 1516, une paix perpétuelle est signée avec la France, offrant le Tessin à la Confédération, et autorisant le royaume de France à recruter des mercenaires en Suisse.

2. De l’émancipation à la République helvétique

1. L’affranchissement du joug germanique

C’est au cours du xve siècle que la Confédération quitte le Saint Empire romain germanique ; ainsi en 1499, l’empereur Maximilien Ier de Habsbourg tente d’abroger les droits acquis par les Suisses. Battu dans la guerre de Souabe qui s’ensuit, il doit reconnaître l’indépendance de facto du pays par le traité de Bâle, le 22 septembre 1499.

2. La Réforme protestante

Ulrich Zwingli

Ulrich Zwingli
Figure centrale de la Réforme protestante en Suisse, Ulrich Zwingli (1484-1531) prône un enseignement religieux qui repose sur un retour aux textes originaux. Selon lui, le Christ, considéré comme source de tout bien, doit faire l’objet d’un culte plus dépouillé et plus spirituel, par opposition aux abus et aux formes jugées accessoires de la religion de son temps. Critiquant certaines pratiques de l’Église, il entre en conflit avec les autorités catholiques. Par ses positions, il se rattache au cercle des humanistes bâlois admirateurs d’Érasme.
Encyclopédie Encarta
Corbis

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En 1519, à la suite de l’Allemand Martin Luther, le pasteur humaniste zurichois Ulrich Zwingli commence à dénoncer la pratique et la vente des indulgences par l’Église catholique, et se met à prêcher d’après le texte original des Écritures : l’unité religieuse du pays est remise en cause par la Réforme protestante.

Jean Calvin

Jean Calvin
Ayant dû quitter la France à la suite de l’affaire des Placards (1534), Jean Calvin s’établit en Suisse, où il publie la première édition en latin de l’Institution de la religion chrétienne (Bâle, 1536), dans laquelle il expose les principes de sa doctrine théologique. Il demeure en Suisse jusqu’en 1538, avant d’y retourner en 1541 et d’y rester jusqu’à sa mort, à Genève, en 1564. Pendant une vingtaine d’années, Jean Calvin met ainsi en œuvre la Réforme dans la cité genevoise : il établit les Ordonnances ecclésiastiques, qui deviennent le statut de l’Église réformée, rédige un Catéchisme (1542), assure une prédication quotidienne à la cathédrale Saint-Pierre et enseigne la théologie à l’Académie.

Portrait de Jean Calvin, xvie siècle.
Encyclopédie Encarta
Archivo Iconografico, S.A./Corbis

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Six ans plus tard, la ville de Zurich adhère au mouvement de la Réforme, et entraîne dans son sillage Bâle, Berne et Schaffhouse. La querelle religieuse divise les cantons suisses entre partisans du protestantisme (essentiellement les marchands des villes) et défenseurs du catholicisme (issus de la paysannerie des cantons forestiers), et dégénère bientôt en conflit armé. Deux guerres de courte durée éclatent en 1529 et 1531 ; c’est lors de la seconde qu’Ulrich Zwingli est tué à la bataille de Kappel. La paix est rétablie, et chaque canton est autorisé à choisir sa religion : le catholicisme l’emporte dans les régions montagneuses du pays, alors que le protestantisme devient dominant dans les grandes villes et les vallées fertiles.

En Suisse, la Réforme s’appuie sur des prédicateurs français, en rupture avec l’Église et réfugiés dans la république indépendante de Genève. Sous l’impulsion de Théodore de Bèze et surtout de Jean Calvin, les protestants font de Genève une citadelle réformée, vivier de la branche calviniste du protestantisme. Pourtant, le catholicisme regagne du terrain en Suisse méridionale sous l’influence des jésuites et de l’archevêque de Milan, Charles Borromée.

3. De l’indépendance à l’hégémonie française

Paix de Westphalie

Paix de Westphalie
C’est dans la salle de la mairie de Münster que les envoyés impériaux et ceux de la France et de ses alliés ont négocié, en 1648, la paix de Westphalie et ainsi mis un terme à la guerre de Trente Ans.

Taille-douce effectuée d’après le tableau de Gerard Terborch, la Paix de Münster, 1648. The National Gallery, Londres.
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dpa Deutsche Presse-Agentur GmbH

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Neutre pendant la guerre de Trente Ans qui ravage les États germaniques de 1618 à 1648, la Suisse réussit à faire reconnaître aux autres puissances européennes ses frontières et son indépendance lors de la signature de la paix de Westphalie, en octobre 1648.

Les tensions entre les cantons protestants et catholiques perdurent cependant, et sont à l’origine des deux guerres de Villmergen (janvier 1656 et juillet 1712). Parallèlement, au cours du xviiie siècle, la Suisse entame une période d’essor économique reposant sur le développement de son agriculture et de son industrie.

Intérieur de l’abbaye d’Einsiedeln (Suisse)

Intérieur de l’abbaye d’Einsiedeln (Suisse)
Conservant une statue de la Vierge bénie, l’abbaye d’Einsiedeln (dans le canton de Schwyz) est un lieu de pèlerinage depuis le Moyen Âge. Les bâtiments actuels, de style italien, datent du xviiie siècle.
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Achim Bednorz/age fotostock

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À la fin du siècle des Lumières, l’image de la Suisse, réputée comme une grande nation démocratique, cède la place à un nouveau système au sein duquel les cantons sont devenus des États patriciens, le pouvoir étant entre les mains de l’aristocratie. Le message social et politique de la Révolution française reçoit dès lors un accueil enthousiaste parmi la population helvétique. Ainsi, en 1792, à Genève, les autorités oligarchiques sont-elles renversées par un gouvernement révolutionnaire.

Dans la logique de sa politique expansionniste, la France du Directoire annexe les possessions de l’archevêché de Bâle (en 1793) et la Valteline (en 1797) ; son but est de contrôler les cols alpestres. Le prétexte de l’intervention des troupes françaises sur tout le territoire suisse est la proclamation de la République lémanique au pays de Vaud, en janvier 1798. Sur le modèle français, une République helvétique une et indivisible est proclamée (voir Républiques sœurs), et une nouvelle Constitution est établie par le Bâlois Peter Ochs ; le territoire demeure toutefois sous le joug français. La situation évolue avec l’arrivée au pouvoir de Napoléon Ier qui élabore, en 1803, un Acte de médiation par lequel la Suisse redevient une Confédération ; le nombre de cantons passe de treize à dix-neuf (création des cantons de Saint-Gall, de Vaud, d’Argovie, des Grisons, du Tessin et de Thurgovie).

3. Un État fédéral et neutre (à partir du xixe siècle)

1. L’affirmation de l’identité suisse

1. La guerre civile du Sonderbund

Au terme de l’hégémonie française (périodes révolutionnaire et napoléonienne), le congrès de Vienne de 1815 reconnaît l’existence de l’État suisse en validant sa neutralité perpétuelle ; à cette occasion, le nombre de cantons passe à vingt-deux, avec la création des cantons du Valais, de Neuchâtel et de Genève — la Suisse demeure sous cette forme jusqu’à la fin du xxe siècle, avec la création du vingt-troisième canton en 1979 (le Jura), puis avec la réforme de 1999 faisant passer à vingt-six le nombre de cantons.

Le xixe siècle voit la Suisse tenter de s’adapter à sa nouvelle unité territoriale. Des conflits éclatent entre les gouvernements cantonaux oligarchiques et démocrates, ainsi qu’entre les régions catholiques et protestantes. En décembre 1845, en réaction au mouvement de démocratisation et d’anticléricalisme de plusieurs cantons, sept cantons catholiques et conservateurs — Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zug, Fribourg et Valais — forment une ligue défensive secrète, bientôt appelée le Sonderbund (« alliance séparée ») par leurs adversaires. Le gouvernement fédéral, majoritairement radical, déclare cette alliance illégale et décide sa dissolution en juillet 1847. Le refus des ligueurs de se soumettre à cette décision déclenche une brève guerre civile, en novembre de la même année. Moins nombreux et mal armés, les contingents du Sonderbund sont défaits, après vingt-six jours de combat, par les troupes fédérales du général Guillaume Henri Dufour.

2. La Constitution fédéraliste de 1848

Construction du tunnel du Saint-Gothard

Construction du tunnel du Saint-Gothard
Cette gravure de 1874 représente le chantier du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard, qui fut construit entre 1872 et 1881.
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Culver Pictures

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À la suite de cette crise majeure au sein de la Confédération des XXII cantons, une Constitution, qui accroît fortement les pouvoirs fédéraux, est promulguée en septembre 1848. Elle est révisée en 1874, en insistant sur le caractère fédéral de l’État — amendée à plusieurs reprises, elle demeure aujourd’hui en vigueur. La fin du xixe siècle se caractérise par l’essor économique de la Suisse : les réseaux de transport et de communication se développent (notamment avec le percement du tunnel du Saint-Gothard), ainsi que les secteurs de l’industrie, de la finance et du tourisme.

3. La neutralité perpétuelle de la Confédération suisse

Soldat de la garde pontificale suisse

Soldat de la garde pontificale suisse
Dessiné par Michel-Ange, l’uniforme des soldats de la garde suisse (dont on voit ici la tenue d’été) a toujours été porté depuis le XVIe siècle.
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Joachim Messerschmidt/Bruce Coleman, Inc.

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Conformément à la neutralité perpétuelle garantie à la Suisse en 1815 par les autres puissances européennes, la Confédération suisse ne prend part à aucune guerre à partir de cette date — pas même celles qui se jouent à ses frontières (telle la guerre franco-allemande de 1870) — et parvient à désamorcer les tensions avec la Prusse (lors de l’affaire de Neuchâtel, canton revendiqué par les Prussiens en 1856-1857) et avec la France (lors du rattachement de la Savoie au territoire français en 1860).

Cependant, la Première Guerre mondiale stigmatise les divisions culturelles et linguistiques : la population alémanique affiche son soutien aux Empires centraux, tandis que les francophones soutiennent les Alliés. Après une vague de grèves et de mouvements sociaux durement réprimés en 1919, la Suisse retrouve son rôle de puissance neutre : l’administration centrale de la Croix-Rouge internationale, puis celle de la Société des Nations (SDN) y établissent leur siège. En outre, durant l’entre-deux-guerres, le pays devient le refuge des capitaux étrangers.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Suisse reste également à l’abri du conflit. Les nazis ont quelques velléités d’envahir le territoire en 1940 et en 1943, mais l’armée suisse, sous le commandement de Henri Guisan, veille, et Adolf Hitler doit finalement renoncer.

En 1945, la Suisse n’adhère pas à l’Organisation des Nations unies (ONU), car elle considère que certaines obligations faites aux pays qui deviennent membres de l’institution internationale sont incompatibles avec sa politique de neutralité. Toutefois, conformément à sa ligne politique, elle s’engage dans plusieurs agences affiliées à l’ONU en tant qu’observateur permanent. Elle est, par exemple, membre de la Commission des nations neutres chargée de vérifier l’application de l’accord de cessez-le-feu en Corée en 1953 ; elle contribue au financement de la mission de l’ONU pour le maintien de la paix à Chypre, et signe l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) visant à réguler les échanges mondiaux.

En 1948, la Suisse adhère à l’Organisation européenne pour la coopération économique (OECE), puis est membre fondateur, en 1959, de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et enfin adhère au Conseil de l’Europe en 1963.

2. La Suisse contemporaine (depuis le milieu du xxe siècle)

1. Une stabilité gouvernementale exceptionnelle

À compter de 1959, l’équilibre politique entre les sept membres du Conseil fédéral se traduit à chaque échéance électorale par la composition suivante, qualifiée de « formule magique » : deux conseillers du Parti socialiste suisse (PSS), deux conseillers du Parti radical-démocratique suisse (PRD), deux conseillers du Parti démocrate-chrétien (PDC) et un conseiller de l’Union démocratique du centre (UDC).

2. Une vie politique rythmée par les référendums

Après l’octroi du droit de vote aux femmes en 1971, un amendement pour l’égalité des droits est approuvé par référendum en 1981. Quatre ans plus tard, les femmes obtiennent l’égalité légale avec les hommes dans le mariage. D’autres référendums sur des thèmes très variés sont tenus dans les années 1980 : maintien du système suisse de service militaire (1984), rejet des restrictions sur l’avortement et sur certaines formes de contraception (1985), refus d’adhérer à l’ONU (1986), renforcement de la législation sur l’immigration et le droit d’asile politique (1987), rejet d’une proposition d’abolition de l’armée (1989).

Après l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, en avril 1986, de grandes manifestations ont lieu contre l’exploitation des cinq centrales nucléaires suisses ; le gouvernement suspend, en 1989, la construction d’une sixième centrale. L’année suivante, un référendum approuve un moratoire de dix ans sur la construction d’usines nucléaires ; il n’est pas reconduit lors du référendum de 2003, qui rejette également une sortie du nucléaire.

En 1992, la Suisse renonce à des décennies d’indépendance pour adhérer au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (voir BIRD). La même année, les négociations du gouvernement fédéral pour l’adhésion à l’Espace économique européen sont désavouées par la population, qui vote massivement contre. En mai 2000, les électeurs suisses approuvent plusieurs accords bilatéraux passés entre leur pays et l’Union européenne (UE), dont un qui prévoit la libre circulation des citoyens entre la Suisse et les pays membres de l’UE. Mais, en mars 2001, ils rejettent à 76,7 % le référendum « Oui à l’Europe » — à l’initiative d’un groupe de jeunes pro-Européens — qui propose l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Union européenne sans délai. Le gouvernement fédéral recommande le « non », jugeant cette initiative prématurée et préférant privilégier les accords bilatéraux.

3. La remise en cause du système bancaire suisse (1995-1998)

À partir de 1995, le système bancaire suisse se retrouve au centre d’une tourmente suscitée par les révélations sur l’attitude des banques helvétiques durant la Seconde Guerre mondiale. Accusée par le Sénat américain et le Congrès juif mondial d’avoir blanchi ou recelé 76 % de l’or nazi, qui provient pour partie du pillage des pays occupés et des biens des Juifs, la Suisse se voit en outre reprocher d’avoir conservé d’importantes sommes d’argent ayant appartenu aux victimes de la Shoah. Face à la menace de boycott lancée par les banques américaines, le gouvernement fédéral décide la mise en place d’une commission d’enquête, ainsi que la création d’une fondation dotée d’un capital de 7 milliards de francs suisses devant servir à venir en aide aux victimes du génocide, mais aussi à porter secours aux misères dans le monde. Dans le même temps, la Banque nationale suisse, les grandes banques et des entreprises privées versent 280 millions de francs suisses à un fonds d’aide aux victimes de la Shoah fondé en 1996. Le 12 août, un accord est signé entre le Congrès juif mondial, le Crédit suisse, l’Union des banques suisses et la Banque nationale suisse (cette dernière a finalement refusé de participer à l’accord). Les banques helvétiques s’engagent à verser 1,25 milliard de dollars de dédommagements aux rescapés de la Shoah.

Afin de restaurer son image sur le plan international, la Suisse décide également en avril 1998 de renforcer sa législation sur le blanchiment de l’argent, obligeant les intermédiaires financiers à signaler tout mouvement de fonds suspect, ce qui contribue un peu plus à remettre en cause le secret bancaire, pierre angulaire de son système financier.

4. L’adhésion à l’ONU (2002)

Ruth Dreifuss (discours)

Ruth Dreifuss (discours)
Ruth Dreifuss, présidente de la Confédération suisse, s’exprime le 1er août 1999, à Berne, au sujet de la place de la Suisse sur la scène internationale et européenne.
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Avec l’aimable autorisation de l’Institut des Archives Sonores. Tous droits réservés.

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Le 3 mars 2002, 54,6 % des électeurs suisses se déclarent en faveur de l’adhésion de leur pays à l’ONU. D’une grande portée symbolique, après les 76 % recueillis par le « non » en 1986, ce référendum fait de la Suisse le 190e État membre des Nations unies. Si elle disposait jusqu’alors d’un statut d’observateur, conformément à sa volonté de défendre une neutralité absolue, la Suisse est pourtant en 2002 le quatorzième pays contributeur de l’organisation internationale, et elle en abrite à Genève de nombreuses agences telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation internationale du travail (OIT), le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le siège européen de l’ONU. Avec ce référendum historique, la Suisse fait le choix de devenir un État membre à part entière de l’ONU, à même de faire entendre sa voix au sein d’une structure universelle dont n’est quasiment plus absent que le Vatican.

5. Vers la fin de la « formule magique »

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